Dans Le Poids de cet oiseau-là, Aline Bei dresse le portrait d’une femme brésilienne, de ses huit ans à ses cinquante-deux ans. Elle ne nous donnera pas son nom, comme si l’anonymat lui accordait la liberté de dire l’indicible. Les premiers mots du roman sont tendres et inattendus. La voix de l’enfant n’est pas étouffée. Quand un jour le directeur de l’école lui annonce que son amie Carla ne reviendra pas, son monde se fissure et ouvre une brèche plus grande que l’avenue Paulista. À chaque nouvelle rencontre, à chaque étape de sa vie, à chaque virage au bord du précipice, elle lutte non sans mal pour ne pas sombrer dans la douleur qui la submerge, pour ne pas se laisser enivrer par la passivité. Au fil des années, elle fait du silence son allié.